Pourquoi parmi les nombreuses espèces animales en danger, les abeilles bénéficient-elles d’une telle mobilisation ? Parce qu’elles jouent un rôle primordial pour l’être humain et l’environnement. Ces insectes pollinisateurs portent sur leurs épaules -ou plutôt leurs ailes- la responsabilité d’une multitude de processus écologiques vitaux pour les écosystèmes, l’agriculture et les autres animaux.
Petite révision sur les abeilles, maîtresses de la pollinisation. Pour se reproduire, le pollen mâle doit arriver jusqu’à la partie femelle de la plante ou de la fleur, et pour ce faire, le vent ne suffit pas. Or pendant que les abeilles butinent leur nectar, elles chargent ce pollen qu’elles transfèrent sur les fleurs suivantes où elles se posent, permettant ainsi aux plantes -et aux cultures- de se reproduire. Les insectes pollinisateurs pollinisent environ 80% des plantes à fleurs et des plantes cultivées. Sans eux, de nombreuses cultures ne pourraient pas pousser. On estime qu’environ un tiers de notre nourriture dépend du travail des abeilles : nous avons vraiment besoin d’elles ! C’est une co-dépendance totale : sans abeilles, pas de fleurs, mais sans fleurs, plus d’abeilles puisqu’elles se nourrissent de leur nectar. C’est pourquoi préserver la biodiversité est si important.
Pas d’abeilles, pas de fruits, pas de semences
Les abeilles sont essentielles dans la production des fruits et légumes. Sans leurs visites, les fruits sont atrophiés et moins nombreux. Ce sont les abeilles qui offrent à nos papilles la plupart des fruits et légumes tels que courgettes, fraises, melons, pommes, poires, framboises, raisin, navets, patates douces, petits pois et haricots mais elles procurent aussi les semences de carottes, oignons, noix, salades, choux, ainsi que celles des « grandes cultures » comme les oléagineux, le lin ou le tournesol.
Les abeilles optimisent aussi la production de végétaux pour le fourrage des animaux d’élevages dédiés à la viande, comme le colza dont le rendement est inférieur quand il n’est pollinisé que par le vent. Les abeilles sont les grandes garantes de notre alimentation. C’est encore plus frappant en élargissant le spectre aux épices et aux herbes aromatiques, au café, au coton ou encore au cacao, des cultures à forte valeur ajoutée. Les abeilles fournissent gratuitement un travail quasi irremplaçable qui se chiffre en milliards d’Euros !
Pas d’abeilles, pas d’habitat pour les animaux
Si les abeilles participent à l’élaboration de la nourriture pour les animaux, en contribuant au développement de plantes et d’arbres, des forêts tropicales à nos forêts hexagonales, elles fournissent aussi une maison aux insectes, oiseaux et petits rongeurs comme les écureuils. Les abeilles permettent à nombreuses espèces -en plus de la nôtre- de prospérer. Elles garantissent la biodiversité car moins il y a d’abeilles, moins il y a de plantes, et plus les écosystèmes s’appauvrissent privant les petits animaux d’abri ou de nourriture. Par ailleurs, les abeilles servent de nourriture à de nombreux oiseaux et insectes comme les araignées ou les libellules. Elles sont un maillon important de la chaîne alimentaire.
Abeilles mellifères et abeilles sauvages, la différence ?
Si les abeilles qui produisent le miel sont d’excellentes pollinisatrices, les abeilles sauvages sont encore plus efficaces pour certains végétaux comme les cerises par exemple, et parfois même les seules à pouvoir polliniser certaines espèces. Les abeilles sauvages sont de ce fait encore plus précieuses, et leur population en déclin force malheureusement les agriculteurs à devoir « louer » des colonies d’abeilles mellifères pour perpétuer leurs plantations et récolter des fruits. D’où l’intérêt de les protéger, alors que l’urbanisation les prive (comme tant d’autres espèces) de leur habitat naturel et de leurs ressources pour vivre.
Les abeilles menacées par les pesticides et le réchauffement climatique
Les grands ennemis des abeilles sont tout d’abord les pesticides néonicotinoïdes qui tuent les abeilles par colonies entières, laissant aux apiculteurs des ruches vides. L’alerte a fait interdire par l’Union Européenne trois de ces produits mais il reste encore de nombreux pesticides autorisés qui font des ravages, en particulier sur les abeilles domestiques. Au deuxième rang des ennemis des abeilles, les dérèglements climatiques qui les tuent indirectement. En décalant les périodes de floraisons, les abeilles se retrouvent privées de nourriture pendant de trop longues périodes si bien qu’en Chine, des paysans sont réduits à polliniser à la main avec du pollen envoyé depuis d’autres régions.
Les abeilles sont les piliers de notre alimentation. Sans elles, la nourriture viendrait à manquer et des espèces de plantes et d’animaux seraient menacées. Or les abeilles sont en danger et meurent par milliers partout autour du globe. Par chance, de nombreuses associations se sont mobilisées, et les entreprises aussi s’investissent pour la préservation des abeilles.
Les particuliers peuvent aussi agir en semant des fleurs mellifères un peu partout, dès que c’est possible, aux bords des routes comme sur les balcons, avec des mélanges tout prêts, parfois sous forme de boules à lancer dans la nature.
A nous d’agir et surtout d’éduquer nos enfants à protéger ces précieuses butineuses.