Liste INCI
La liste INCI, abréviation de « International Nomenclature of Cosmetic Ingredients » (nomenclature internationale des ingrédients cosmétiques) doit, depuis 1998 en Europe, figurer sur le produit lui-même ou son suremballage en carton. Les ingrédients y sont mentionnés par ordre décroissant de leur volume dans le produit fini. Très souvent, l’ingrédient qui apparaît en tête de liste est l’eau : aqua (water), car c’est la base de toutes les émulsions (crèmes) et des gels douche, shampooings… Les molécules sont inscrites en anglais et les produits naturels (les extraits végétaux, mais aussi l’eau) sont mentionnés en latin. Ainsi, avec un tout petit peu de connaissance en latin et anglais on peut détecter les différents ingrédients, y compris ceux décriés, ou les allergènes, obligatoirement indiqués en fin de liste.
Microbiote
On a découvert ce terme quand on a commencé à perler du microbiote intestinal. Sur la peau aussi – comme dans nombre d’organes – existe un microbiote composé de milliards de micro-organismes vivants appelés probiotiques (bactéries, virus, levures) qui cohabitent et interagissent fortement avec nos cellules. Or, cette découverte bouleverse la façon d’envisager le soin de la peau : « Il y a 20 ans, on pensait que les virus et les bactéries causaient des maladies. On sait maintenant que c’est de l’équilibre entre ces probiotiques au sein du microbiote cutané que dépend la santé de la peau », explique Richard L. Gallo, Président du service dermatologie à l’Université de Californie de San Diego et découvreur du microbiote cutané. Le microbiote cutané est composé d’un millier de variété. C’est de leur diversité́ et de l’équilibre entre les populations que dépend la bonne santé de la peau. Elles jouent un rôle protecteur en formant une barrière physique et en stimulant l’immunité cutanée. Quand des bactéries pathogènes tentent de s’installer, ces probiotiques produisent des substances pour les détruire, envoyant des messages aux cellules de l’épiderme pour amplifier la réponse immunitaire. Mais lorsque celles-ci parviennent à déséquilibrer le microbiote, la peau présente des signes d’inflammation : rougeurs, irritations, sécheresse, qui peuvent aller jusqu’à des pathologies comme l’acné ou l’eczéma.
Naturel
Un ingrédient naturel est un ingrédient obtenu exclusivement à partir de végétaux, d’animaux, de micro-organismes ou de minéraux (et non-issu de la chimie). Mais ces derniers peuvent être traités pour en extraire un actif. Ils sont alors transformés, physiquement ou chimiquement, et sont alors nommés « d’origine naturelle ». Le processus de transformation n’est pas forcément néfaste. Par exemple, la macération, l’extraction, le broyage ou la fermentation conservent les bienfaits de l’ingrédient naturel. Une formule peut donc à la fois contenir des ingrédients naturels, d’origine naturelle et le revendiquer, jusqu’à 95 % et plus comme c’est souvent le cas.
Depuis 2017, la norme 16128 est venue fixer ces appellations et définir leur cadre par un accord mondial, définissant sur ce qu’est un ingrédient naturel et un ingrédient bio, un dérivé de naturel et un dérivé de bio, et sur la façon de calculer la concentration de ces ingrédients dans les produits finis.
Niacinamide
Cette vitamine du groupe B est connue sous différentes appellations : vitamine B3, vitamine PP ou nicotinamide. Comme d’autres vitamines utilisées en cosmétiques, elle interagit sur de nombreux mécanismes de la peau. En surface, elle renforce la fonction barrière en stimulant la production de céramides, les lipides qui forment le ciment entre les cellules de la couche cornée, protégeant ainsi de la déshydratation et de la pénétration d’agents irritants. Elle régule aussi le renouvellement cellulaire et améliore la texture de la peau, agissant notamment sur le resserrement des pores et la régulation du sébum (on la trouve d’ailleurs dans nombre de produits traitant l’acné). Elle favorise l’action antioxydante de la peau et diminue les effets néfastes de la lumière bleue. Elle est aussi très connue pour ses puissantes propriétés anti-hyperpigmentation par inhibition du transfert de la mélanine, et anti-inflammatoire. Enfin, elle stimule le collagène et le protège de ses agents destructeurs et a ainsi une action anti-âge. A signaler : les chimistes puristes disent le niacinamide (car c’est un amide), la plupart des vulgarisateurs la niacinamide car c’est une vitamine.
Oxydation / Radicaux libres
Le stress oxydatif dû aux radicaux libres provoque l’oxydation des cellules, comme un phénomène de rouille. En temps normal, l’organisme produit naturellement des « antidotes » contre ces radicaux libres (superoxyde dismutase, catalase, glutathion), mais l’équilibre peut basculer lors de la formation excessive de radicaux libres à cause d’une forte exposition aux UV ou à la pollution, mais aussi à la fatigue, au stress au tabac. Les radicaux libres attaquent alors les protéines, l’ADN et les membranes des cellules. Résultat : rides et vieillissement prématuré. D’où le besoin d’ajouter aux soins des antioxydants tels que la vitamine C, la vitamine E, les polyphénols…
PAO (période après ouverture)
C’est simplement la durée de conservation d’un produit après son ouverture, à distinguer de la date de péremption. Elle est indiquée sur le produit par un pot au couvercle entrouvert dans lequel s’inscrit un nombre, par exemple «12M » pour 12 mois.
Peau
La peau est le plus grand organe du corps – environ 2m2. Elle est constituée de trois couches- l’épiderme, le derme et l’hypoderme. La couche la plus superficielle de l’épiderme – en contact avec l’extérieur – est la couche cornée.
- La couche cornée est composée de cellules mortes appelées cornéocytes, qui sont des kératinocytes (cellules de l’épiderme) ayant perdu leur noyau, qui constituent une sorte de mur de briques, colmaté par du ciment intercellulaire (les céramides) et protégé en surface par le film hydrolipidique qui forme, avec le microbiote, la barrière cutanée protectrice. Si le ciment n’est pas de bonne qualité ou si le film hydrolipidique a des trous, l’eau s’évapore et la peau se déshydrate.
- L’épiderme, lui est constitué des kératinocytes, qui migrent peu à peu de la base de l’épiderme vers la couche cornée en subissant des modifications, des mélanocytes responsables de la production de mélanine, et des cellules de Langerhans, cellules immunitaires.
- Le derme est un tissu conjonctif, qui soutient l’épiderme, avec qui il est en communication constante au travers de la jonction dermo–épidermique. Le derme superficiel est riche en terminaisons nerveuses et en symbiose permanente avec l’épiderme. Le derme profond est un tissu conjonctif dense où s’entremêlent les cellules appelées fibroblastes, qui synthétisent les fibres qui l’entourent – collagènes et élastine – qui apportent densité et élasticité à la peau – et la matrice extracellulaire, sorte de gel qui donne son rebondi à la peau et essentiellement composé d’acide hyaluronique.
- L’hypoderme se trouve sous le derme. Il est traversé par les vaisseaux et les nerfs arrivant dans le derme et abrite les adipocytes, où se fait le stockage des graisses.
Au niveau du derme et de l’hypoderme prennent également naissance les glandes sudoripares qui fabriquent la sueur, les glandes sébacées qui secrètent le sébum, et les follicules pileux des poils et des cheveux, couplés aux glandes sébacées.
Peptides
Ces actifs anti-âge sont des enchaînements d’acides aminés. Ces derniers étant les constituants des protéines, ils sont naturellement présents dans la peau et donc en parfaite affinité avec elle. Ils peuvent s’appeler dipeptides, tripeptides… jusqu’à hexapeptides ou polypeptides, suivant le nombre d’acides aminés qui les constituent. Ils agissent comme des messagers qui agissent par mimétisme et se fixent sur certains récepteurs des cellules. Ils coordonnent donc de nombreux processus biologiques, sans apporter d’actifs extérieurs à la peau mais en la poussant à se régénérer elle-même. Certains boostent le renouvellement cellulaire, d’autres le fibroblaste, entraînant la synthèse e de collagène et d’élastine et diminuant les phénomènes de dégradation. D’autres encore sont hydratants ou apaisants, voire anti-glycation. L’argireline, un hexapeptide, réduit les rides d’expression en venant bloquer l’acétylcholine responsable de leur formation. La proline, elle, booste la synthèse de collagène…Bref, les effets possibles sont multiples puisque quasiment à chaque peptide correspond une action spécifique.
Protéines
Les protéines sont des enchaînements d’acides aminés beaucoup plus gros et complexes que les peptides. La peau en est constituée à 27,5%. Ses protéines structurelles sont la kératine, le collagène et l’élastine – qu’on trouve également dans les griffes, les os, les tendons et les ligaments. Les protéines sont aussi le principal composant des cellules, représentant plus de 50% de leur poids sec.
Rétinol
Le rétinol (dérivé de la Vitamine A) est l’actif anti-âge de référence des dermatologues qu’ils prescrivent depuis plus de 40 ans sous sa forme médicale, l’acide rétinoïque (la vitamine A acide). Comme les vitamines C, B3, ou B5 aussi utilisés en cosmétique, le rétinol est polyvalent et intervient sur de nombreux facteurs, On le connaît essentiellement comme anti rides, mais il agit aussi sur les taches et la qualité de peau, car il a des effets dans toutes les couches de la peau. En surface, il a un effet exfoliant qui lisse le grain de peau, favorise l’éclat et désobstrue les pores. Il stimule le renouvellement cellulaire et par réaction entraîne un léger épaississement de l’épiderme. Il agit aussi sur les cellules clés de la défense immunitaire cutanée, et régule la production de sébum et de mélanine. Dans le derme, il booste la production de collagène et d’élastine, augmente le taux d’acide hyaluronique et réduit la destruction du collagène existant. Enfin, il a un fort rôle antioxydant, ce qui explique qu’il est plus efficace sur les dommages causés par l’exposition solaire que sur le vieillissement strictement chronologique. On a donc intérêt à l’adopter qu’on ait de l’acné tardive, quelques rides ou taches, la peau grasse, épaisse, irrégulière ou relâchée, ou juste besoin d’un bon coup d’éclat. Revers de la médaille, il est très instable sous sa formule pure et délicat à formuler, et peut être irritant à la concentration efficace. Il peut être formulé sous sa forme pure, couplé à des actifs apaisants et hydratants, ou sous une forme dérivée plus facile à maîtriser (retinyl palmitate, acétate ou linoléate, rétinaldéhyde). On l’utilise le soir pour booster la réparation nocturne, et parce qu’il ne fait pas bon ménage avec le soleil. Les peaux hypersensibles et intolérantes l’évitent.
Sulfates
Les sulfates (sodium laureth sulfate, sodium lauryl sulfate, ammonium lauryl sulfate) sont les agents lavants principaux de la plupart des shampooings, gels douche et de toutes les lessives. Ils lavent – très efficacement – et forment cette mousse aérienne et abondante à laquelle les consommateurs se sont habitués. Le pendant : pour laver, c’est à dire enlever le gras, les produits de coiffage, la pollution, etc., il faut forcément un peu décaper. On leur reproche donc d’être irritants et asséchants pour la peau et le cuir chevelu, de « décaper » le cheveu et affadir les colorations. Dans la plupart des formules, les sulfates sont donc associés à d’autres agents lavants plus doux et à des actifs hydratants, apaisants, qui compensent leurs effets (aloe vera, glycérine…). Reste que les cheveux colorés et bouclés, les peaux et les cuirs chevelus très délicats ont parfois du mal à les supporter.
On reproche aussi au « laureth » sulfate son mode de production qui passe par une éthylation, polluant et dangereux pour le manipulateur, ce qui explique qu’il est interdit par la charte bio. Et en décembre 2021, l’organisme Cosmebio a mis en exergue le problème soulevé par la chimie du soufre (les sulfates en sont composés), qui provoque des pluies acides et des aérosols atmosphériques. Cosmebio recommande donc à ses adhérents de ne plus utiliser d’émulsionnants sulfatés à compter d’octobre 2022 et de tensio-actifs sulfatés d’ici octobre 2024.
Vitamine C
La vitamine C – ou acide L-ascorbique – est essentielle au métabolisme. Connue pour son action anti-fatigue, elle a aussi beaucoup de bénéfices sur la peau. C’est avant tout l’un des plus puissants anti-oxydants, à la fois directement et indirectement puisqu’elle réactive les effets de la vitamine E, autre super anti-oxydant. C’est aussi un protecteur vasculaire. Elle booste à la fois les cellules de l’épiderme (les kératinocytes) et celles du derme (les fibroblastes). Au niveau du derme, elle stimule la production des collagènes I et III et empêche les métalloprotéinases de détruire le collagène. Ainsi, elle modifie le relief cutané en réduisant les rides et les mélanines oxydées en surface. Enfin, elle inhibe la tyrosinase et freine ainsi la production de mélanine responsable des taches pigmentaires. Elle a donc une action à la fois sur l’éclat de la peau et le relief cutané (dès une semaine d’utilisation), les rides (au bout de deux mois), les taches (après trois mois). Très difficile à stabiliser, on peut la trouver pure sous forme de cures à utiliser en mélangeant la poudre de vitamine C à une solution et à utiliser aussitôt, ou stabilisée – notamment par des sucres.