L’écologie fait la une de nombreux magazines. Si l’information sur ce sujet “clean planet” est partout, de fausses croyances persistent. Certaines idées reçues méritent qu’on leur torde le cou : 5 réponses pour mieux comprendre.
Le poumon de la terre est la forêt amazonienne : c’est faux !
Oui, la forêt amazonienne et ses végétaux produisent de l’oxygène tout en captant le CO2 (dioxyde de carbone ou gaz carbonique) avec leurs feuilles. Mais les plantes ne produisent pas d’oxygène la nuit, elles en consomment : leur production d’oxygène sert surtout à leur propre respiration, pas tellement à la nôtre. De plus, les quantités d’oxygène émises dépendent de la vigueur des arbres, or la forêt amazonienne n’est plus toute jeune : elle produit selon les scientifiques environ 10 % de l’oxygène consommé par les humains.
Le véritable poumon de la Terre, c’est l’océan. Il est le premier producteur d’O2 et recycleur de CO2 grâce au phytoplancton, ou plancton végétal, qui absorbe du CO2 et rejette de l’oxygène sur le même principe que la photosynthèse. Ces micro-organismes végétaux et de minuscules algues constituent une biomasse bien plus importante que celle des forêts, faisant de la mer un puits de carbone naturel majeur. Certaines espèces de ces organismes stockent le carbone dans leurs squelettes qui, en se déposant au fond des océans, piègent le CO2 dans les sédiments marins, l’empêchant alors définitivement de participer à l’effet de serre. Protégeons donc ce poumon bleu, mais luttons aussi contre la déforestation de la forêt amazonienne qui est primordiale pour protéger la biodiversité, réguler le climat de l’Amérique du Sud et maintenir l’humidité.
Le plastique est recyclable à l’infini : c’est faux !
Le plastique, pour autant qu’il soit correctement trié et véritablement acheminé dans un centre de recyclage, ne peut pas produire d’objets à l’identique, ce qui est la définition même du recyclage. Une bouteille en verre en crée une nouvelle, mais pour le plastique, non seulement l’action est limitée (car à force d’être retransformée, la matière se dégrade et perd certaines qualités) mais elle nécessite aussi l’apport d’une partie de plastique vierge afin d’assurer une certaine qualité au produit final.
Le plastique recyclé peut en revanche être transformé en objets ou matériaux de construction. Malheureusement, pour exister, ces « sous-produits » nécessitent des additifs qui empêchent un nouveau recyclage et finissent enterrés ou incinérés. Il s’agit donc d’une seconde vie, mais c’est la dernière. D’où l’intérêt de boycotter l’achat de produits en plastique ou de produits emballés avec du plastique.
Les centrales nucléaires émettent du CO2 : c’est faux !
Une majorité de Français pense que le nucléaire contribue au réchauffement climatique. En réalité, le nucléaire émet très peu de CO2 – moins que les panneaux solaires – par rapport à la quantité d’énergie qu’il produit. Cette production d’électricité, due à la fission d’atomes d’uranium, produit de la chaleur qui change l’eau en vapeur, vapeur qui fait marcher une turbine reliée à un alternateur, qui lui-même produit de l’électricité. Il n’y a donc pas de combustion. La construction et l’entretien des centrales ainsi que l’extraction de l’uranium émettent un peu de CO2, comme pour toutes les énergies renouvelables, mais globalement, le nucléaire est une énergie propre.
Le GIEC (le Groupe International d’Experts sur le Climat) envisage même le développement des énergies nucléaires comme une solution pour lutter contre le réchauffement climatique ! En revanche, les déchets radioactifs qui peuvent être dangereux, sont traités et soumis à une réglementation très sévère pour éviter toute contamination.
Manger bio préserve les sols : c’est faux !
Si la charte AB interdit les pesticides de synthèse, elle autorise ceux qui proviennent de « substances naturelles ou substances dérivées de substances naturelles » et certains appartenant à une liste regroupant quelques exceptions (chaux éteinte, huile de paraffine pourtant issue du pétrole, soufre ou encore sulfate de cuivre).
En effet, naturel ne veut pas dire inoffensif pour l’homme ou dépourvu d’effets néfastes pour l’environnement. Le cahier des charges cible donc les produits chimiques, mais n’interdit pas d’autres aspects comme les pratiques agressives pour les sols : l’agriculture bio peut avoir recours au labour tout autant que l’agriculture traditionnelle alors que c’est une des pratiques les plus perturbantes pour les sols et la biodiversité.
Si l’on exclut le Bio « industriel », les agriculteurs bio adhèrent heureusement à une philosophie plus globale et plus vertueuse même si elle n’est pas mentionnée dans le cahier des charges. À retenir, l’agriculture de conservation non-bio qui prône des pratiques vertueuses : ne pas labourer les sols, éviter les sols nus en y semant un « couvert végétal », qui lui évite de se dégrader et de perdre sa précieuse matière organique. Malheureusement, elle exige le recours au glyphosate entre deux semences pour enlever ce couvert.
Pour bien faire, il faudrait associer au bio, les bonnes pratiques de conservation des sols : mesure des matières organiques dans le sol, présence de lombrics, rotation et diversité des cultures, que certains appellent déjà l’ABC, l’agriculture biologique de conservation. L’agriculture de demain ?
La voiture électrique ne pollue pas : c’est faux !
La voiture électrique ne pollue pas forcément moins que la voiture essence. Et elle pollue différemment.
C’est d’abord à cause de ses batteries -qui exigent des métaux rares pour fonctionner- que la construction de la voiture électrique est polluante.
Ensuite, même si le moteur n’émet pas de pollution lorsque la voiture roule, l’électricité nécessaire pour le faire fonctionner peut être issue de sources plus ou moins polluantes, comme :
- des énergies fossiles (type charbon, pétrole et gaz)
- des énergies vertes ou « décarbonées » comme le nucléaire, l’hydraulique ou les énergies renouvelables (solaire, éolien, géothermie, biomasse…) qui émettent très peu de gaz à effet de serre.
Chaque pays utilise un mélange de ces énergies pour produire l’ensemble de son électricité. Ainsi, une voiture électrique rechargée en France où l’électricité est produite à 75 % à partir d’énergie nucléaire implique de très faibles émissions de CO2. En revanche, une voiture électrique en Chine ou en Inde consomme une électricité produite principalement à partir de charbon, l’énergie la plus polluante en termes de CO2 et de particules fines.
La voiture essence ou diesel, elle, pollue un peu moins lors de sa construction, mais beaucoup plus, tout au long de son utilisation.