Les guerres, en Ukraine comme ailleurs, sont toujours une catastrophe pour les peuples, mais également pour l’environnement. Les armes modernes sont dévastatrices pour l’écologie. Elles ne laissent derrière elles que désolation qui détruit les hommes mais aussi la nature pendant des décennies.
L’attaque de l’environnement
Dans une guerre, il y a un attaquant et un attaqué qui doit se défendre. Si la destruction de l’environnement est un dommage collatéral de cet affrontement, c’est aussi une stratégie à part entière de l’attaquant aujourd’hui.
Soumis à des bombardements et des incendies, les écosystèmes sont abimés, voire anéantis. Ces armes de destruction de l’environnement sont utilisées pour mettre les populations à genoux, montrer l’ascendance de l’attaquant sur un territoire et laisser la marque pérenne d’une domination.
Au-delà de deux armées qui s’affrontent, détruire délibérément tout l’environnement d’une ville, d’une région voire d’un pays, peut devenir un objectif de guerre en soi. Et si détruire l’environnement de l’ennemi n’est pas une stratégie nouvelle, les moyens technologiques actuels en font une arme redoutablement efficace.
Des bombardements destructeurs
Les bombardements d’une ville et d’infrastructures, qu’elles soient civiles ou militaires, détruisent les bâtiments avec tout ce qu’ils contiennent, en particulier les réseaux d’électricité et d’eau. La réduction en cendres de matières toxiques génère des poussières et des fumées qui se dispersent dans l’environnement et étouffent les êtres vivants sur place.
Voilà pourquoi les bâtiments sont des cibles privilégiées pour ne laisser aucune chance de survie à tout ce qui se trouve sur place et aux environs. Cette stratégie, dite de la « terre brûlée », isole les populations en les privant de ressources. Une démonstration de force qui rajoute la terreur aux dégâts matériels et humains.
Les infrastructures visées et le nucléaire
Un pays industrialisé, comme l’Ukraine, offre malheureusement à travers ses usines métallurgiques, chimiques, et ses nombreuses infrastructures installées dans les grandes villes (Kiev, Kharkiv ou Marioupol) des cibles de choix à la guerre menée par Vladimir Poutine.
En Ukraine, les infrastructures liées à l’énergie comme les centrales de production électrique (nucléaire, hydroélectrique) sont les plus à même de causer des dommages irréversibles sur l’environnement. Ce qui explique pourquoi pipelines, centrales, usines, réserves d’eau ou de carburant, et sites militaires, sont des cibles privilégiées. La destruction de ces sites est stratégique.
Aujourd’hui, la peur des dirigeants serait qu’une centrale nucléaire soit touchée par un missile, et entraine un accident nucléaire. Après que des pipelines aient été sabotés, des raffineries attaquées, la crainte de dégâts majeurs sur des sites sensibles qui pourraient émettre des déchets radioactifs est réelle. Mener de tels combats en Ukraine, dans un pays qui possède 15 réacteurs nucléaires, est une situation inédite et inquiétante.
L’Ukraine : un grand réservoir de biodiversité menacé
L’Ukraine est un pays dont la biodiversité est extrêmement riche. Avec des dizaines de zones humides précieuses, une quarantaine de réserves et parcs nationaux, et la célèbre réserve de biosphère de la Mer Noire, l’Ukraine est un pays-sanctuaire dont de nombreuses espèces, déjà en danger, le sont encore plus aujourd’hui.
Les dégradations et les incendies, qui calcinent les forêts et tous les matériaux sur leur passage, ont libéré des fumées toxiques et une pollution importante de microparticules et de métaux lourds. Dans ces zones, l’air peut devenir irrespirable. Les poussières se faufilent partout et polluent l’air, mais aussi les sols et l’eau, contaminant des zones entières dont les écosystèmes pourraient, à terme, ne jamais se relever.
Côté mer, les ports, zones stratégiques de premier ordre, sont aussi attaqués et bombardés. Tout l’environnement marin est menacé : la côte, mais aussi la mer Noire en ce qui concerne l’Ukraine. Des images satellites ont montré que des incendies dans la réserve de biosphère de la mer Noire, au sud de l’Ukraine, mettent en péril une des plus grandes zones naturelles protégées du pays ainsi que plusieurs espèces en voie de disparition. Animaux marins, terrestres et oiseaux migrateurs, sont directement touchés par la guerre. Ils pourraient ne plus jamais retrouver un environnement propice à leur survie. Sans parler des blindés, qui, sans aucune considération pour l’environnement, franchissent les zones protégées qu’ils saccagent avec leurs troupes.
La région du Donbass sacrifiée
Avant que n’éclate le conflit actuel, le Donbass, région à l’est de l’Ukraine, connaissait déjà (depuis 2014) des affrontements entre l’armée ukrainienne et les séparatistes prorusses. Cette guerre du Donbass offre une vision de ce que peut donner un conflit à plus grande échelle. Le Donbass, aujourd’hui dévasté, est considéré comme une des zones les plus polluées en Europe. La démolition des zones minières laisse les mines à l’abandon, dispersant des produits toxiques qui contaminent l’eau et les sols. A cela, s’ajoute une pollution aux métaux lourds et aux produits chimiques, due à l’utilisation des munitions, qui a envahi les cours d’eau et les lacs de cette région.
L’impact de la guerre sur la nature en Ukraine est sans appel. Ce pays subit une catastrophe environnementale, dont on ne peut pas encore anticiper l’étendue et la gravité, qui sera en partie irréversible. Tout comme toutes les zones qui font l’objet de conflits armés aujourd’hui dans le monde.