À l’heure actuelle, les experts du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) sont formels : le réchauffement du climat menacera l’espèce humaine bien plus vite qu’on le pense. Quels sont les mécanismes de ce réchauffement et leurs conséquences ? Le point sur un sujet… brûlant !
Le réchauffement climatique, à qui la faute ?
La Terre a déjà connu une alternance de périodes de froid et de réchauffements extrêmes, car le climat change naturellement. Mais ces phénomènes qui prenaient des millions d’années arrivent aujourd’hui beaucoup plus vite, à peine plus de cent ans ! Les responsables ? Les activités humaines qui produisent les gaz à effet de serre (GES) à l’origine des hausses des températures. Malheureusement, il faut un siècle pour les dissiper : si on arrêtait toutes les émissions de CO2 et de méthane aujourd’hui (les deux principaux GES), l’atmosphère se réchaufferait quand même de près de 1°C d’ici la fin du siècle… Un petit degré qui représenterait pourtant un véritable bouleversement pour l’environnement : par exemple, à 1°C près, la glace fond ou ne fond pas et certaines formes de vie, végétales et animales, qui ne pourront pas s’adapter à ce changement trop rapide, seront largement impactées. Or, nous nous dirigeons vers une augmentation de +2°C au minimum…
Du réchauffement climatique à l’effet de serre
Chaque seconde, les rayons du soleil arrivent sur Terre et réchauffent le sol qui émet des infrarouges qui repartent, avec cette chaleur, dans l’atmosphère. Or, les gaz à effet de serre (CO2, méthane ou protoxyde d’azote essentiellement) et la vapeur d’eau forment une sorte de filtre qui retient une partie de cette chaleur. Épaissi, par les GES qui s’accumulent, ce « nuage » laisse de moins en moins d’infrarouges s’échapper et se transforme en un « couvercle « qui les retient avec la chaleur qu’ils émettent : c’est l’effet de serre. Et c’est pour cette raison qu’on appelle ces gaz des « gaz à effet de serre ». Ils empêchent les rayons de passer, bloquent la chaleur et font monter la température. À l’origine, c’est un phénomène naturel, qui se déséquilibre et s’amplifie aujourd’hui à cause des activités humaines.
Quels sont les gaz à effet de serre ?
Ces gaz proviennent des transports consommant du pétrole (avions, bateaux, voitures), des activités industrielles fonctionnant par la combustion du charbon et du gaz (production d’électricité, chauffage), de l’élevage intensif et ses conséquences (déforestation pour faire pousser des céréales pour nourrir le bétail, engrais, fermentation du lisier, utilisation de machines…).
- L’excès de dioxyde de carbone, CO2, dans l’atmosphère est majoritairement produit par les activités humaines comme l’utilisation d’énergies fossiles (pétrole, gaz naturel et charbon consommés pour l’industrie, le chauffage et les transports), la fabrication du ciment et les changements d’occupation des sols (déforestation, l’agriculture et l’étalement urbain). Cet excès de CO2 est le premier responsable de l’effet de serre additionnel, et donc du réchauffement climatique depuis 1750.
- Le méthane, qui met 10 ans environ à disparaître contre 100 ans pour le CO2, a un effet « réchauffant » 28 fois plus important que le CO2. Or, la concentration du méthane a beaucoup augmenté au siècle dernier à cause de l’agriculture intensive et des processus de fermentation des marécages, des ruminants et des décharges.
- Le protoxyde d’azote, naturellement émis par les sols, provient notamment de l’utilisation d’engrais azotés par l’agriculture.
- L’ozone, naturellement présent à 20 km d’altitude, peut être aussi émis dans les basses couches de l’atmosphère à cause de composés produits par les transports.
Quels pays émettent le plus de CO2 ?
Selon un rapport de l’ONG Carbon Disclosure Project (CDP) en association avec le Climate Accountability Institute, datant de juillet 2017 et basée des chiffres publics, 25 pays – sur les 200 que compte le monde- seraient responsables de plus de la moitié des émissions de dioxyde de carbone depuis 1988. Dans l’ordre il y a la Chine avec 10 Giga Tonnes de CO2/an en 2017, les États Unis (5 GT/an), l’Inde (2,5 GT/an), la Russie (1,7GT/an), le Japon (1,2GT/an) et l’Allemagne 1,8 GT/an.
Cet ordre diffère si l’on regarde les émissions de CO2 par habitant : c’est alors le Qatar qui est en tête avec 30 tonnes/habitant/an, puis le Curaçao avec 23T/habitant/an, puis le Koweït, les Émirats Arabes Unis, Gibraltar, Bahreïn, l’Arabie Saoudite, l’Australie, le Canada puis les États Unis et le Luxembourg. Ce sont les pays qui exportent beaucoup (comme la Chine) qui portent la forte responsabilité alors qu’ils produisent surtout pour les autres pays. L’Europe se vante d’avoir diminué drastiquement ses émissions de CO2, alors qu’en réalité, du fait de la délocalisant des usines et industries en Asie, elle ne fait que les émettre sur un autre continent…. Ce qui ne change rien pour la planète !
Énergies fossiles, les grandes responsables du réchauffement climatique ?
Toujours selon le rapport de l’ONG Carbon Disclosure Project (CDP) en association avec le Climate Accountability Institute, 71% des émissions de CO2 reviennent à quelque 100 entreprises, majoritairement productrices d’énergies fossiles qui sont les principales responsables du réchauffement climatique. Les entreprises dont l’impact écologique est le plus important : China Coal (14,3%) des émissions mondiales de gaz à effet de serre), Saudi Arabian Oil Company (4,5%), Gazprom (3,9%), National Iranian Oil (2,28%) et Exxon Mobil, Suncor, Shell, BP ou encore Total (seule entreprise française de la liste avec 1% des émissions). Les énergies fossiles (pétrole, gaz naturel et charbon) sont donc le levier majeur pour enrayer le réchauffement climatique.
Les conséquences du réchauffement climatique
Les conséquences du réchauffement climatique impactent la santé publique avec des risques sanitaires comme les épidémies, mais aussi l’agriculture, la production et donc l’économie, autant que la multiplication des phénomènes météo extrêmes comme les cyclones ou la sécheresse.
La disparition de la faune et la flore
Certaines espèces animales vont disparaître avec un effet domino sur la chaîne alimentaire, ainsi que des plantes, réduisant encore plus la biodiversité. Par ailleurs, les dérèglements peuvent aussi être d’ordre chimique : le CO2 en partie absorbé par les océans entraîne une acidification des eaux et a des conséquences désastreuses pour les écosystèmes marins comme les récifs coralliens.
La perturbation des océans
L’augmentation de la température des océans empêche la photosynthèse du phytoplancton, c’est-à-dire sa capacité à produire de l’oxygène ce qui entraîne une désoxygénation des zones océaniques en profondeur. Côté océans toujours, les îles et les villes en bord de mer sont également en danger, soit parce qu’elles s’enfoncent, soit parce que le niveau de la mer monte. On pense tout de suite à Venise, mais aussi Miami ou Jakarta, capitale de l’Indonésie dont on sait qu’elle sera en partie submergée d’ici 2050 et qui va devoir… déménager !
Les dérèglements climatiques et météorologiques
Le changement climatique s’il ne provoque pas directement plus d’ouragans et de cyclones, renforce en revanche leur intensité, leur fréquence ou leur durée : des épisodes autrefois exceptionnels ou saisonniers comme la canicule sont plus fréquents. Dans certaines régions du monde, les conditions de température et d’humidité seront telles qu’elles deviendront invivables : autour de l’équateur, à horizon 2050, la vie ne sera plus possible d’une part à cause de la chaleur, de l’autre par les conséquences de ce réchauffement sur l’écosystème, l’eau, la capacité à cultiver, etc. En France, le réchauffement réduira les écarts entre les saisons. Dans les pays du Sud, il pleuvra encore moins et la sécheresse sera encore plus grande. Quant aux régions recouvertes de glace ou de neige, elles voient leur surface diminuer si bien qu’elles reflètent moins les rayons du soleil et majorent donc le réchauffement du sol. C’est un vrai cercle vicieux : plus ces surfaces froides disparaissent, plus le réchauffement augmente, et plus le réchauffement augmente…plus elles fondent !
Quels effets sur la santé ?
Les inondations, les canicules, les modifications des écosystèmes liées à l’augmentation des températures auront une incidence sur l’apparition, la transmission et la propagation des virus. C’est déjà le cas pour la dissémination des maladies infectieuses transmises par les moustiques. Par exemple, quand une région prend 1°C à 2°C, le moustique-tigre – originaire des forêts tropicales- migre un peu plus vers le nord. Or, cette espèce parmi les plus invasives au monde s’est acclimatée au milieu urbain et tempéré. Déjà dans 80 pays – dont la France depuis 2004-, ce moustique gagne toute la planète. Vecteur de nombreuses maladies -dont la fièvre jaune et la dengue- et de maladies virales -type Chikungunya et Zika-, il fait des ravages sur les populations les plus fragiles et urbanisées. Quelques degrés de plus et le paludisme menacera lui aussi des millions de personnes supplémentaires, sans parler des maladies diarrhéiques, provoquées souvent par la contamination de l’eau. Plus près de chez nous, les hivers doux peuvent entraîner une variation de l’épidémie de grippe et de l’immunité des populations, et le réchauffement pourrait bien comme il l’a déjà fait sous les tropiques, prolonger la durée de la « saison » grippale permettant au virus de muter et de développer des souches plus résistantes.
Le réchauffement climatique est surtout causé par l’utilisation des énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon) dont on est tous si dépendant. À moyen terme, on va devoir faire face à des conséquences graves et inévitables. La seule solution : modifier pour ralentir ces évolutions dans leur course folle pour limiter le réchauffement climatique.