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Naturel, bio, végétal ? c’est quoi un parfum clean ?

Essential parfums - CLEAN BEAUTY - WE ARE CLEAN

L’industrie de la parfumerie, qui se heurte à la prise de conscience écologique de ses clients, doit entamer une mutation, pour ne pas dire une révolution. En effet, la composition d’un parfum classique n’est pas du tout clean, pas plus que la débauche d’emballages qui l’accompagne. La parfumerie nouvelle génération est en marche. Mais ces (nouveaux) parfums sont-ils pour autant clean, avec un impact vraiment minimal ? Débat.

Pourquoi un parfum clean ?

L’industrie du parfum repose sur la séduction et le luxe, les deux leviers historiques de son marketing. Qu’il s’agisse de parfums de niche, réellement haut de gamme, ou de formules que l’on trouve en grande distribution, avec le parfum il n’est question que d’une seule chose : séduire.

D’où le surplus d’emballages, de flacons et de campagnes de pub, glamour à souhait mais loin d’être écolo. Comment faire rêver avec l’écologie ? C’est l’épineuse question que se posent les fabricants depuis des années. Car force est de constater que la demande change et que si la majorité des clients n’assimile pas le parfum à un produit polluant ou gourmand en ressources (faute de connaître les dessous de sa fabrication), certains sont conscients de leurs achats et recherchent des produits à faible impact sur la planète, parfums compris. Les grands noms du secteur le savent mais ont du mal à amorcer un changement potentiellement impossible sur des parfums emblématiques aux procédés de production bien rodés. Ce qui explique pourquoi la révolution du parfum est surtout portée par de nouvelles maisons de parfums, aux idées novatrices, pour produire des fragrances Clean depuis le sourcing des fleurs jusqu’au flacon, en passant par la formulation.

Guerlain parfum recharge - CLEAN BEAUTY -WE ARE CLEAN

Parfum clean, quelle définition ?

Comme pour n’importe quel produit, la notion de Clean induit bien plus qu’une volonté d’être éco-responsable.

L’objectif est de réduire l’impact du parfum sur l’environnement mais aussi de s’assurer des dimensions éthiques de la production, du respect de la biodiversité sachant que les matières premières sont en grande partie issues de ressources naturelles et que les flacons et emballages ont une longue durée de vie. De plus, l’exigence de qualité et de durabilité sur la peau d’une fragrance a un prix.

Les producteurs doivent arbitrer et faire des choix : une formule bio ou naturelle ? Des flacons rechargeables ou recyclables ? Un parfum partiellement synthétique -issu de la pétrochimie- est peut-être moins néfaste pour la planète dans la mesure où il ne nécessite pas de matières premières naturelles, donc nul besoin de cultures de fleurs, de bois.

Une question à laquelle il est très compliqué de répondre tant les modes de production peuvent différer : fabrication à grande échelle, parfums rares issus de récoltes exclusives réservées aux grands noms du luxe…

©Guerlain

Les parfums conventionnels synthétiques sont-ils anti-écologiques ?

Parfums - CLEAN BEAUTY - WE ARE CLEAN

Un parfum conventionnel synthétique est fait d’alcool dénaturé au phtalate (suspecté d’être un perturbateur endocrinien), d’un concentré de parfum pour tout ou partie de synthèse, de filtres UV, de conservateurs et de colorants.

Dans un parfum classique d’une marque de luxe, il y a environ 20% de matières premières naturelles, le reste étant des ingrédients issus de la pétrochimie. Ces matériaux de synthèse permettent, entre autres, de reproduire artificiellement les senteurs de la nature à un coût très intéressant. Ce sont ces notes olfactives, obtenues en laboratoire, qui ont permis l’avènement de la parfumerie moderne, en offrant aux parfumeurs un éventail de notes sans précédent, et une facilité de formulation accrue, sans jamais être limités par les contraintes de timing lié à une récolte ou la variation de qualité des matières premières naturelles.

Ces molécules de synthèse ont permis la création de notes olfactives impossibles à obtenir avec des ingrédients naturels comme les notes marines, l’odeur inventée de la tulipe, ou encore, les inimitables aldéhydes au cœur du Chanel n°5. La production de parfum s’est ainsi industrialisée, menant parfois à une surexploitation de ressources cultivées très loin de l’hexagone et des populations qui les produisent, mais aussi à l’utilisation de substances animales. Car à l’origine de la formule d’un parfum, on trouve des fleurs et des bois, voire des matières animales qu’il faut d’abord produire avant de les exploiter. De ce point de vue, les notes synthétiques ont, par exemple, permis de sauver le chevrotin du Tibet qui était utilisé pour le musc de ses glandes abdominales.

Parfum de synthèse : des ingrédients controversés

Au-delà de l’aspect écologique et de l’impact environnemental de leur production, le problème des parfums conventionnels tient à ses ingrédients controversés, soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens comme les phtalates et notamment le diethyl phtalate (DEP)-utilisés pour fixer la fragrance et la faire tenir sur la peau-, ou les muscs synthétiques qui ne sont -en prime- pas biodégradables : en finissant dans les cours d’eau puis les mers, ils pourraient interférer avec le système reproducteur des poissons. De leur côté, les colorants qui permettent de varier les teintes des jus et les filtres UV qui stabilisent les formules (qui nécessitent d’être protégées de la lumière) sont très décriés.

C’est aussi le cas du BHA (Butylated hydroxyanisole) et du BHT (Butylated hydroxytoluene), des additifs utilisés comme antioxydants pour stabiliser les parfums et prolonger leur durée de vie, qui sont non seulement soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens, mais aussi allergisants. Le BHA est classé « cancérogène possible » par le Centre international de recherche contre le cancer (Circ). Or, pour préserver le secret industriel et commercial de la composition des jus, en dehors des rares allergènes qui doivent être listés, la liste des ingrédients (liste INCI) reste floue, à dessein, ce qui empêche le consommateur de savoir exactement ce qu’il contient, et donc ce qu’il applique sur sa peau.

La question de l’alcool dans le parfum

Que ce soit dans les parfums bio, naturels ou conventionnels, l’alcool est un support indispensable pour diluer le concentré de parfum, permettre aux notes de se fixer et d’évoluer sur la peau. En plus, c’est un excellent conservateur qui permet à la fragrance de ne pas tourner. En fonction de la dilution du concentré initial, dans un parfum sous forme liquide (certains peuvent être solides ou huileux), l’alcool peut représenter de 75% à 98% du produit final.

Or, l’alcool utilisé en parfumerie conventionnelle est de l’éthanol également appelé alcool éthylique, dénaturé avec des produits chimiques. Cet éthanol, issu de la fermentation ou distillation de sucres, de fruits ou céréales, est le même alcool que celui qui est dans les boissons alcoolisées. Problème : quel que soit le pays, les spiritueux sont taxés. Seul l’alcool destiné à une utilisation industrielle, pour les produits de nettoyage, les biocarburants ou encore les cosmétiques est exempté de taxe.

Alors pour s’assurer que cet éthanol non taxé ne soit pas utilisé in fine pour faire des boissons, l’industrie cosmétique doit recourir à sa « dénaturation » pour le rendre impropre à la consommation. Ce procédé implique l’ajout de produits dénaturants pour en changer le goût et l’identifier : des substances chimiques type éthers de glycols, méthanol ou diéthyle phtalate (DEP), qui ont des effets néfastes sur la santé.

Pour éviter l’utilisation de ces matières, un parfumeur peut dénaturer l’alcool avec des huiles essentielles, c’est plus naturel mais plus cher ! De même, ne pas dénaturer l’alcool force le parfumeur à payer la taxe revenant à environ 17€/litre. Une augmentation difficile à absorber quand le produit final est composé de 90% d’alcool. Les maisons, qui choisissent de ne pas dénaturer l’alcool, se tournent vers l’alcool végétal bio ou encore s’appuient sur un règlement européen qui interdit les dénaturants toxiques au profit de dénaturants écologiques communs entre les états membres.

Parfum bio, l’eldorado ?

Un parfum bio est un parfum dont la formule est 100% naturelle et ne contient aucun ingrédient de synthèse. Les produits sont certifiés bio par des labels comme Cosmos Organic qui garantissent que les formules sont sans perturbateurs endocriniens, colorants, conservateurs type parabens, huiles minérales, phtalates et agents fixateurs, ni matière première d’origine animale. Les parfums bio sont principalement composés d’isolats, d’essences de plantes, d’huiles florales ou d’huiles essentielles. Ils sont extraits avec des techniques dites douces et respectueuses des matières, comme la distillation ou la pression à froid, comme pour les agrumes, à la vapeur d’eau pour la lavande, ou même l’extraction au CO2 supercritique, un procédé sans solvant qui utilise le gaz carbonique sous pression, pour la vanille.

Pour les fixer, on utilise aussi des végétaux, des fleurs comme l’iris, de l’absolue de benjoin ou d’autres huiles essentielles comme celle de patchouli ou de cèdre. L’alcool support y est issu de végétaux bio – du blé le plus souvent – et dénaturé aux huiles essentielles, bio elles aussi.

Mais la formulation bio ne comporte pas que des avantages :

  • le parfum bio dispose de moins de notes olfactives que la parfumerie synthétique -500 notes contre 5000-, les compositions sont donc limitées et sa tenue sur la peau est également réduite.
  • De plus, ces matières premières plus chères, plus nombreuses dans la formule expliquent que le prix du concentré de parfum, au cœur de la formule, est jusqu’à 30 fois plus cher que pour un parfum synthétique ! Le prix du parfum au final est élevé, même s’il reste compétitif car les parfums bio sont en général dépourvus de coûts liés à la publicité. Par ailleurs, s’ils préservent la peau des substances controversées, les risques d’allergies avec les parfums bio existent, à cause des huiles essentielles.
  • Enfin, attention, pour avoir le label bio, certains ingrédients peuvent être naturels sans être bio pour autant. Pour un parfum composé de 80 à 90% d’alcool, il suffit que ce dernier soit bio pour atteindre les seuils exigés par les labels et se voir ainsi estampillé BIO, alors que seul l’alcool de la formule l’est.

Parfum naturel : plus Clean ou moins Clean que le bio ?

Considéré comme un entre-deux, le parfum naturel ne répond pas à un cahier des charges précis mais à la motivation des marques à proposer un produit vertueux.

Les parfums naturels sont en général très proches des parfums bio. Dépourvus de colorants, conservateurs et filtres UV problématiques, ils revendiquent l’utilisation d’ingrédients naturels, parfois à 100%, et d’alcool de blé bio, pour la plupart.

Ces marques sont en général aussi orientées vers un approvisionnement local et un choix d’artisans producteurs français pour faire vivre la filière et le savoir-faire des cultivateurs, récoltants et transformateurs. Les parfums naturels peuvent aussi se revendiquer d’une action « soin » notamment quand ils sont sous forme d’huiles parfumées. Ces huiles parfumées se passent d’alcool qui dessèche la peau, car ce dernier est remplacé par une huile végétale bio 1ère pression, nourrissante et assouplissante.

Un parfum pourrait donc être naturel et non bio, et jouir d’une démarche plus éco responsable et plus écologique qu’un parfum bio qui, par exemple, ferait venir ses matières premières de très loin. Pour ces parfums sans notes synthétiques, tout dépend du sourçing qui doit être local, éthique et durable, et établir un équilibre entre éthique et distance.

En effet, les ingrédients dans la parfumerie naturelle viennent de loin et doivent voyager pour arriver jusqu’à nous, après une longue chaîne d’agriculture et d’extraction : vétiver d’Haïti, vanille de Madagascar, patchouli d’Indonésie etc…Enfin, dans le cas des parfums naturels, la question de l’alcool est intéressante : sur l’étiquette, un parfum contenant 90% d’alcool végétal sera considéré à 90% naturel, même avec un concentré potentiellement synthétique contenant les fameux fixateurs, phtalates etc. Si on veut une parfaite garantie d’innocuité, alors on se tournera vers le bio.

Parfums clean : un emballage écologique

Au-delà du problème des formules, quand on sait que le parfum est le produit le plus suremballé du marché cosmétique, on regarde forcément l’emballage, mais aussi le flacon qui est encore trop rarement rechargeable ou recyclable. Même si les grandes maisons s’y mettent.

Les marques de parfums naturels ou bio mettent beaucoup d’énergie à développer un packaging recyclable, un flacon rechargeable (ou en verre blanc pour être facilement recyclable), et un emballage globalement minimaliste, dépourvu de notice, en carton ou papier recyclé, non blanchi, imprimé avec des encres végétales et si possible artisanal, avec un impact carbone optimisé.

Certains choisissent des flacons réutilisables à l’infini avec système de recharge, d’autres proposent de les récupérer, certains enfin choisissent de produire des huiles parfumées en flacon de verre et pipettes, vendues dans des pochons de coton, à la place d’une boîte rigide. Bien sûr, le plastique est banni du packaging et le bouchon remplacé par une version en bois issu de forêts françaises ou éco gérées par exemple.

Finalement un parfum vraiment Clean, c’est quoi ?

Un parfum clean doit cocher toutes les cases mentionnées ci-dessus et s’inscrire dans une volonté globale d’avoir un impact minimal sur l’environnement.

Si le bio et le 100% naturel sont sans égal sur l’innocuité et la biodégradabilité, leur production n’est pas forcément plus écologique que celle d’un parfum synthétique, notamment sur le plan du sourcing. En effet, produire leurs ingrédients consomme des ressources naturelles issues de récoltes. Mais d’un autre côté, les parfums synthétiques utilisent aussi des ressources. Le choix le plus clean est alors de privilégier les productions locales, les ingrédients naturels et les marques qui ont une traçabilité.

Des produits dits naturels, à un prix mini, sous-entend que la production s’appuie forcément sur un système qui ne respecte ni la nature, ni les hommes, ni même les deux. Les marques qui proposent une formule très naturelle mais avec quelques ingrédients de synthèse pour apporter de la tenue au parfum peuvent être un bon compromis, si le reste des engagements est tenu.

Finalement faut-il mieux utiliser un arôme de vanille synthétique ou faire venir de la vanille naturelle de Madagascar ? Une question difficile à trancher. Il faudrait procéder à l’étude de cycle de vie pour chaque produit.

Cependant le système de production en petites séries, made in France, avec recharges utilisant des filières durables d’ingrédients les plus locaux possibles, et engagés auprès d’associations de soutien à la planète, ou à la biodiversité, est le signe d’une parfumerie vertueuse. Et si pour vous, l’innocuité est le point fondamental de la Clean beauty, il faudra alors vous tourner sans aucun doute vers une formule 100% naturelle ou bio.

Le parfum clean existe et les maisons de parfums bio ou de parfums naturels offrent une réelle alternative aux parfums conventionnels. Reste que ces derniers, s’ils ne peuvent changer les formules de leurs jus, peuvent se mettre en marche pour optimiser leurs modes de production et leurs emballages, pour que le monde du parfum soit plus éco-responsable. Bonne nouvelle : le marché de la parfumerie est en profonde mutation sous l’impulsion des consommateurs qui boudent les parfums traditionnels et qui découvrent des fragrances naturelles ou bio qui sont, aujourd’hui, de plus en plus abouties.

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