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Microbiote cutané : à quoi sert-il exactement ?

Microbiote cutané - WE ARE CLEAN - CLEAN BEAUTY
Le charle discret de l'intestin - WE ARE CLEAN - CLEAN BEAUTY

Depuis le succès du livre « Le charme discret de l’intestin » de Giulia Enders, et que des yaourts bien connus ont dit lui faire du bien, on sait qu’il existe un microbiote intestinal. Mais nous sommes en fait les hôtes de nombreux autres microbiotes, dont celui de la peau. Or, on découvre peu à peu que le microbiote cutané intervient dans de nombreux mécanismes de la peau.

Les chercheurs ont fait, il y a une dizaine d’années, une découverte majeure : nous ne sommes qu’à moitié humains ! C’est à dire ? Comme l’explique Richard L. Gallo, du service Dermatologie à l’Université de Californie de San Diego : « Chacun de nous est en fait une communauté constituée à 50% de cellules humaines et à 50% de micro-organismes. ». Ces micro-organismes, qui constituent des microbiotes, sont présents partout dans notre corps : il existe des microbiotes dans les intestins, mais aussi sur et dans la peau, dans le vagin, la bouche, sur le cuir chevelu… Les microbiotes, ces écosystèmes vivants invisibles, font en effet partie de notre identité et nous sont propres, au même titre que notre ADN, et nous vivons en symbiose avec eux.

L’ensemble de ces micro-organismes pèsent environ 1,5kg pour une personne de 75kg.
Les chercheurs essaient aujourd’hui de comprendre le microbiote de la peau, ses interactions avec les cellules cutanées, son influence sur certaines pathologies dermatologiques et comment il peut influencer une nouvelle approche de la cosmétique.

Microbiote ou microbiome ?

« Le microbiote, c’est l’ensemble des micro-organismes vivants détectables sur la peau (bactéries, virus, levures), le microbiome c’est l’ensemble de leur patrimoine génétique », explique Richard Martin, qui travaille sur le sujet depuis de nombreuses années. En effet, c’est en décryptant le génome cutané humain il y a vingt ans que le Pr Richard Gallo a découvert celui du microbiote. Car c’est leur empreinte ADN qui permet de les repérer et de les reconnaître.

Le microbiote cutané, un écosystème en symbiose avec notre peau…

On l’appelait flore cutanée quand on n’avait pas encore les outils adéquats pour l’étudier en détail. C’est en fait un vrai écosystème qui vit sur et dans la peau, composé de probiotiques : majoritairement des bactéries (75-80%), mais aussi des virus (10-20%) et des levures (5-10%). Chaque cm² de peau est couvert d’un million de ces micro-organismes, soit 100 milliards en totalité, qui, soit collaborent, soit sont en compétition. A vrai dire, ces nombreux micro-organismes ne sont pas seulement en surface, car ils se glissent dans toutes les anfractuosités, des pores aux follicules pilo-sébacés. Les plus représentés sont les cutibacterium et staphylococcus epidermidis, mais il en existe environ 1000 variétés. Ils vivent en parfaite symbiose avec nos cellules et se nourrissent des sécrétions cutanées (lipides du sébum, protéines des cellules mortes, sucres, eau de la sueur, etc.).

… qui varie selon les zones, l’âge et l’environnement

Transmis par la mère lors de l’accouchement par voie basse, le microbiote de la peau s’enrichit et évolue à chaque grand changement hormonal (adolescence, grossesse, ménopause/andropause). Mais il diffère aussi selon la partie du corps (cuir chevelu, aisselles, bras…), car, comme pour les plantes, certaines variétés s’acclimatent mieux aux milieux secs (bras, jambes), d’autres aux régions humides (muqueuses, aisselles, plis…), ou grasses définies par la quantité de sébum (intérieur des oreilles, cuir chevelu, visage…). L’âge, mais aussi le sexe et l’origine ethnique, font varier les « populations ». Les facteurs externes ont également une grande influence : la température, l’humidité, la pollution, l’alimentation, et même les personnes, animaux et plantes avec lesquels on vit influent sur sa composition. Ainsi, nous n’avons pas UN mais DES microbiotes cutanés.

Un rôle déterminant dans la santé de la peau

Barrière cutané - WE ARE CLEAN - CLEAN BEAUTY

Le microbiote préserve l’intégrité de la barrière cutanée en la renforçant mais aussi en s’organisant comme une sorte de film protecteur qui empêche l’entrée de virus et bactéries « intrus ». Il a de nombreux rôles : il maintient le pH de la peau autour de 5,5 (or les bactéries dites pathogènes préfèrent les pH basiques, autour de 8), il stimule la capacité d’adaptation de la peau et son renouvellement cellulaire, régule son système immunitaire qu’il éduque à nous protéger, et favorise la cicatrisation et la réparation. Il engendre également la sécrétion par les cellules de la peau, de peptides antimicrobiens (qui sont comme des petits soldats qui vont s’attaquer aux bactéries intrues pour les détruire), de substances anti-oxydantes, antibactériennes et anti-inflammatoires. Bref, le microbiote a un rôle décisif dans la bonne santé de la peau.

Quand l’équilibre est brisé, s’installe une pathologie

Cette découverte entraîne la nécessité de repenser notre rapport au soin de la peau. « Il y a 20 ans, on pensait que les virus et les bactéries causaient des maladies. Or, on sait maintenant que c’est de l’équilibre entre ces probiotiques au sein du microbiote cutané que dépend la santé de la peau », explique Richard L. Gallo. En fait, dès qu’une variété prend trop de place ou prend le dessus, cela engendre un déséquilibre qu’on appelle une dysbiose, qui entraîne souvent une inflammation voire une pathologie. En effet, on sait désormais qu’eczéma, acné ou pellicules notamment, sont liés à un déséquilibre du microbiote causé et accentué par ce qui caractérise notre vie post-industrielle : pollution, prise de médicaments, stress, UV, hygiène excessive et certains composants cosmétiques. Une étude réalisée à Hong-Kong, comparant 204 femmes vivant dans deux villes chinoises, l’une polluée, l’autre non, a ainsi montré que le microbiote de femmes vivant en milieu pollué et présentant des signes de vieillissement prématuré ressemblait fortement à celui de femmes plus âgées. Il est donc fort probable que le microbiote influe aussi sur le vieillissement de la peau.
Or, un microbiote sain – et donc une peau en bonne santé – est un microbiote doté d’une bonne biodiversité où les familles de bactéries s’équilibrent, « s’entendent » bien et interagissent favorablement avec les cellules de la peau.

Comment préserver un microbiote sain ?

  • Limiter les passages sous l’eau, c’est-à-dire pas trop longs ni trop chauds : parce que l’eau a un pH basique, supérieur à 7, qui déstabilise le microbiote.
  • Se laver avec les bons produits : la découverte de ces « bactéries bienfaisantes » a changé la vision « hygiéniste » que nous avions depuis plus de cent ans. Plus question de produits « bactéricides » à tout prix. Car les gels douches avec des tensioactifs trop agressifs déséquilibrent le microbiote qui met plus de 4h à se reconstituer après chaque douche. Donc, une douche par jour maximum, et avec un lavant le plus doux possible.
  • Pas de savon ni de produit au mauvais pH : le fameux savon de Marseille, ou tout autre savon, a un pH basique (au-dessus de 7). Or la peau a, elle, un pH acide. On lui préfère donc un pain surgras. De même on choisit des produits dits « au pH physiologique » et non « pH neutre », ce qui signifie qu’il respecte le pH de la peau alors qu’un pH neutre est à 7.
  • Ne pas trop se toucher le visage afin de ne pas apporter de bactéries « externes » et potentiellement pathogènes.
  • Eviter les cosmétiques trop agressifs ou en tous cas limiter leur utilisation, comme les gommages à grains, les cosmétiques contenant fortement de l’alcool ou des acides de fruits
  • Se démaquiller en douceur, sans agression, sans frotter, en évitant l’agressivité du coton. Et le matin, ne pas se décaper : une eau florale adaptée suffit.

Des « cosmébiotiques » pour préserver le microbiote

Comsétiobiques - WE ARE CLEAN - CLEAN BEAUTY

La découverte du microbiote de la peau entraîne aussi une nouvelle vision de la cosmétique. Désormais, on regarde d’un peu plus près les formules cosmétiques et on essaie de les formuler de façon à ne pas le perturber. Pour cela, on limite, voire on élimine certains ingrédients qui pourraient entraîner un déséquilibre, comme les huiles minérales et les silicones, mais aussi les émulsionnants (ce qui mousse comme les sulfates) et émulsifiants (ce qui lie les émulsions, crèmes ou fluides). On a aussi incriminé les conservateurs, mais il semblerait finalement qu’ils n’aient pas d’impact sur le microbiote. Un cran plus loin, certaines marques cherchent à réguler et rééquilibrer le microbiote cutané. Pour ce faire, on trouve désormais dans certaines gammes des prébiotiques, des probiotiques et des post biotiques :

  • Les probiotiques : ce sont les micro-organismes vivants (bactéries, levures notamment) qui composent le microbiote et favorisent son bon équilibre. Mais parce qu’une crème n’est pas un yaourt, qu’on ne la conserve pas au frais et qu’on ne la consomme pas aussitôt ouverte, elle ne peut pas contenir de vrais probiotiques vivants. Pourtant, par commodité marketing, les marques cosmétiques indiquent « avec probiotiques ». Ce sont en fait des fragments de probiotiques désactivés soit par la chaleur soit par fermentation qui sont reconnus et assimilés par les probiotiques de la peau. La plupart du temps ce sont les mêmes que ceux utilisés en alimentation pour le microbiote intestinal : lactococcus, bifidobactérium, lactobacillllus… Ils ont un rôle anti-oxydant et anti-inflammatoire et permettent de reconstituer un écosystème bénéfique au microbiote.
  • Les prébiotiques : ce sont des sucres simples ou complexes, des corps gras ou des acides aminés, qui nourrissent et favorisent le bon développement des bactéries de la peau. Pour le microbiote, les prébiotiques, particulièrement intéressants en cosmétique, agissent un peu comme un engrais. On en trouve dans de plus en plus de produits. Le plus fréquent est l’inuline, issu de la chicorée. Il y a aussi du yakon. Mais on découvre peu à peu que certains ingrédients, utilisés de longue date en cosmétique, ont aussi un rôle de prébiotique : c’est le cas de la glycérine, mais aussi du squalane et des polyphénols.
  • Les post biotiques : ce sont des molécules secrétées par les probiotiques (leurs déchets en quelque sorte, des métabolites ou membranes de ces probiotiques), qui les miment et favorisent leur bonne activité. Eux aussi favorisent l’écosystème dans lequel vit un microbiote sain. L’acide lactique en est un. Mais certaines marques de dermo-cosmétiques développent les leurs, sur mesure, à partir souvent de bactéries cultivées dans leur eau thermale, pour cibler un problème spécifique : acné, atopie, sécheresse cutanée, etc.

Si nous n’en sommes qu’aux prémices de la cosmétique liée au microbiote de la peau, c’est parce que la découverte du microbiote cutané n’a qu’une dizaine d’années, et même si son étude avance rapidement, nous sommes loin d’en comprendre tous les mécanismes et l’étendue de son influence.

Sans compter la découverte des liens entre les microbiotes du cerveau, de l’intestin et de la peau, étroitement connectés. Les cosmétiques personnalisés en fonction du microbiote sont encore de la (science-)fiction, l’application de bactéries vivantes ne pouvant se faire qu’en laboratoire… Mais la prise en compte de l’équilibre du microbiote cutané par les produits d’hygiène & soin est une avancée qui contribue à rendre les formules plus clean.

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