Pas le choix, l’hiver pointe son nez et les températures qui chutent nous obligent à nous habiller chaudement. Comment concilier matières cocooning, voire matières techniques, et écoresponsabilité ? Quels vêtements, quelles matières choisir ?
De la laine recyclée
C’est la matière naturelle par excellence de l’hiver, celle qui protège le mieux du froid. Biodégradable, isolante, thermorégulatrice, cocooning, on l’adore.
La laine, un bilan catastrophique
Pourtant, qu’il s’agisse de laine de mouton, d’alpaga ou de cachemire provenant des chèvres élevées au Tibet, le bilan environnemental est catastrophique. La laine de mouton fait partie des 5 matières les plus polluantes à fabriquer.
Les moutons sont les plus grands producteurs de méthane, plus encore que les vaches. En Nouvelle-Zélande, 3e plus grand producteur de laine après la Chine et l’Australie, 90 % des émissions de gaz à effet de serre sont dus à l’élevage des moutons. L’élevage des moutons comme des chèvres appauvrit les sols, quand il ne provoque pas de la déforestation. Les animaux sont souvent élevés dans de mauvaises conditions, pour satisfaire la demande croissante. Enfin, le traitement de la laine est fortement polluant, entre le lavage, le blanchiment, la teinture et le filage. Les filières durablement gérées existent, mais restent rares.
La laine recyclée, en voie de développement
Les pulls en laine recyclée commencent à apparaître. Malgré tout, le toucher est encore différent – la fibre est généralement plus rigide et moins douce. Même si elles sont triées par couleur, les laines recyclées mélangent différents tons, ce qui donne au produit fini un aspect chiné. Souvent, on la trouve dans les pulls et manteaux, mélangée avec de la laine vierge ou d’autres fibres – soie, PET recyclé- pour lui assurer une meilleure résistance et un aspect plus agréable.
La polaire en plastique recyclé : chaude, écologique et douillette
Cette pionnière est devenue le classique des vêtements à la fois techniques, chauds et écologiques. Fabriquée à partir de bouteilles plastiques recyclées – 27 bouteilles d’eau d’1,5 litre donnent un pull en laine polaire et une tonne de plastique recyclé économise entre 700 et 800 litres de pétrole – elle reste souvent associée aux semaines de ski ou aux randonnées. Un peu moins depuis que nombre de pyjamas, surpyjamas, plaids et combinaisons, ont aussi adopté cette matière chaude et douillette, voire régressive tant elle est douce.
Polyester et PET recyclés
L’autre vêtement de base de l’hiver, c’est le manteau, la doudoune, la parka, bref le survêtement qui nous protège en extérieur. Mais soyons honnêtes, aucun n’est écologiquement satisfaisant, qu’il s’agisse de la laine ou du cachemire polluants du manteau, du duvet de la doudoune – bonjour le bien-être animal – et encore moins du Gore-tex de la parka et des pantalons de ski, constitué de Téflon étiré, riche en per fluorocarbures, des perturbateurs endocriniens extrêmement volatils et contaminants. Alors, que faire ?
Pas énormément de choix pour l’instant, il faut l’avouer, hormis les matières recyclées. Il faut privilégier les vestes et manteaux incluant un maximum de matériaux recyclés. Très souvent du polyester pour les doudounes et parka (on en a déjà tellement produit qu’il vaut mieux le réutiliser plutôt que d’en produire du neuf). Mais on peut aussi trouver quelques vestes techniques en PET fait à partir de bouteilles en plastique recyclées. Et même, une veste de ski dont la membrane est fabriquée à partir de bioplastique venant de l’huile de ricin et le reste du vêtement en partie avec du polyester recyclé.
Autre usage de ces matières synthétiques recyclés, les sous-vêtements chauds. Pour remplacer le fameux Thermolactyl ou les matières techniques type Heattech de Uniqlo – l’enseigne fait des efforts en développement durable mais pas encore sur ces sous-vêtements chauds-, efficaces mais polluants, les alternatives sont restreintes. Certaines marques (notamment en Nouvelle-Zélande, l’un des pays leaders dans l’élevage de moutons) utilisent des matières naturelles comme la laine Mérinos, en arguant sur la naturalité et le respect des animaux. D’autres (notamment Odlo, l’un des leaders sur ce segment) proposent un ou plusieurs modèles en matières recyclée, alliant laine Mérinos et Tencel (une alternative durable à la viscose).
La fourrure, vintage ou en PET recyclé
Certaines rêvent encore d’une pelisse chaude, malgré les années de fourrure-bashing et de campagnes de la PETA ? Afin d’éviter de tuer des animaux exclusivement élevés à cette fin, on cherche dans le placard de sa grand-mère, aux Puces ou dans les vide-greniers, un manteau vintage et pas trop mité/miteux qui de plus ne coûtera pas trop cher. Pour le coup, avec un vison, renard ou astrakan sur le dos, on est sûre d’avoir chaud. Encore faut-il assumer.
L’alternative ? La fourrure synthétique. Oui, mais comme son nom l’indique, elle est en majorité fabriquée avec des produits d’origine pétrochimique (polyester, acrylique). Certains fabricants commencent à développer des fourrures à base de fibres naturelles obtenues à partir de chanvre, de maïs ou d’ortie. D’autres les fabriquent, là encore, à partir de plastique recyclé, voire même collecté dans les océans. Une offre encore restreinte mais qui pourrait gagner du terrain.
Pas évident donc de concilier vêtement chaud et écolo en hiver. Les matières naturelles – la laine essentiellement – restent très polluantes, et les matières synthétiques, chaudes et techniques, le sont encore plus. Les alternatives ? La seconde main, encore une fois. Et côté matières premières, une seule solution : privilégier les matières premières recyclées, naturelles ou synthétiques. Mais de gros progrès sont encore à faire.