Ce mouvement écologiste radical se distingue par ses actions non violentes et sa volonté de faire prendre conscience aux citoyens et aux gouvernements de la nécessité de changer de paradigme, pour enrayer la destruction du vivant. Explication.
Extinction Rebellion se définit comme « un mouvement international de désobéissance civile en lutte contre l’effondrement écologique et le dérèglement climatique. »
Souvent abrégé en XR, comme son logo, il signifie « Rébellion contre l’extinction ». Social, écologiste, international, il revendique l’usage de la désobéissance civile non violente afin d’inciter les gouvernements à agir pour éviter les points de basculement dans le système climatique, la perte de la biodiversité et le risque d’effondrement social et écologique.
Son logo symbolise l’extinction de masse en cours, avec un sablier au milieu de la Terre indiquant que le temps est compté pour de nombreuses espèces, sablier qui est aussi le X de XR.
Historique et mode d’action d’Extinction Rebellion
Les origines
Le mouvement est né en Grande Bretagne, en 2016, quand un groupe d’activistes britanniques crée Rising Up ! Un mouvement destiné à la protection de l’environnement par l’action directe et la désobéissance civile. En 2018, certains de ses membres cherchent des moyens d’action plus efficaces que les manifestations de rue classiques. Extinction Rebellion apparait en mai 2018, et compte parmi ses fondateurs Tasmin Osmond et George Barda, participants du mouvement social Occupy London, ainsi que Gail Bragbook, Docteure en biophysique et Roger Hallam, agriculteur et chercheur en désobéissance civile. Mais Extinction Rebellion n’a ni chef ni hiérarchie. Ce mouvement puise son inspiration dans les actions du mouvement Occupy London, la philosophie de contestation par la non-violence et la désobéissance civile prônée par Gandhi, ainsi que celles des suffragettes. Parmi les principes fondateurs figurent aussi la bienveillance entre les membres, la non-culpabilisation des individus et l’autonomie des troupes. C’est ainsi que le mouvement fédère aussi bien des enfants que des personnes âgées ou des étudiants, et des personnes de toutes catégories sociales.
La naissance officielle
Le 26 octobre 2018, le journal britannique The Guardian publie une tribune signée par une centaine d’universitaires qui appellent à l’action urgente face à la crise écologique et affirment leur soutien au collectif Extinction Rebellion.
Le 31 octobre 2018, le mouvement est officiellement lancé par une déclaration de rébellion à Londres devant le Palais de Westminster, siège du Parlement britannique. Y participent un millier de personnes, dont deux membres du Parti écologiste britannique et l’activiste suédoise Greta Thunberg. S’ensuit une semaine d’actions militantes, dont le « rebellion day » (« jour de rébellion », 17 novembre 2018), au cours duquel les cinq principaux ponts de Londres sont bloqués. Depuis, Extinction Rebellion s’est étendu dans de nombreux pays tels que l’Inde, le Japon, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, l’Afrique du Sud, la Colombie, le Brésil, les États-Unis, le Québec, l’Irlande, la Suède, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Belgique, la Suisse et la France.
Le mode d’action d’Extinction Rebellion
Son mode d’action multiplie les actions coup de poing spectaculaires, comme des occupations de l’espace urbain de grandes villes. Ses membres n’hésitent pas à s’attacher, à l’aide de glue, à des bâtiments publics, à bloquer la circulation routière et empêcher l’accès aux sièges de grandes entreprises.
Ainsi, la première « semaine internationale de rébellion » est organisée du 15 au 21 avril 2019. À Londres, des militants en nombre bloquent, pendant une dizaine de jours, des lieux emblématiques tels que le carrefour d’Oxford Circus, Marble Arch et la grande rue commerçante Oxford Street. Ils organisent un « die-in » au Muséum d’histoire naturelle, où une centaine de personnes s’allonge sous un squelette de baleine bleue. Autant d’actions qui ont conduit à plus de mille arrestations et obligé le Parlement britannique, sur proposition du parti travailliste, à décréter « l’urgence climatique ». Preuve que ça peut marcher ?
Extinction Rebellion en France
La branche française est née en novembre 2018 et a mené sa première action le 24 mars 2019, place de la Bourse à Paris, où plusieurs centaines de militants et de sympathisants se sont déclarés en rébellion. En février 2019, dans les colonnes du quotidien français Le Monde et du journal belge Le Soir, Extinction Rebellion reçoit le soutien de 260 chercheurs suisses, français et belges. Un die-in en hommage aux espèces disparues ou en train de disparaître a lieu simultanément dans la Grande galerie de l’évolution du Muséum d’histoire naturelle.
En avril 2019, lors de la « semaine internationale de rébellion », les militants français, à l’initiative de Greenpeace, ANV-COP21 et les Amis de la Terre, bloquent à la Défense une antenne du ministère de la Transition écologique, et les tours Total, EDF et Société générale. La deuxième « semaine de rébellion internationale » débute en France le 5 octobre 2019 par l’occupation et le blocage du centre commercial Italie Deux dans le 13e arrondissement de Paris. Les activistes occupent ensuite, à partir du 7 octobre, la place du Châtelet et le pont au Change à Paris.
Mi-avril 2022, entre les deux tours de l’élection présidentielle, un millier de personnes a investi les Grands Boulevards parisiens au niveau de la Porte de St Denis, transformant le lieu en grande agora où chacun peut s’exprimer sur l’inaction climatique et les solutions à apporter.
Quatre grandes revendications d’Extinction Rebellion
Le mouvement articule ses actions autour de quatre revendications phares :
1. La reconnaissance de la gravité des crises écologiques actuelles et une communication honnête sur le sujet
Le gouvernement, les élus et les entreprises doivent reconnaître les menaces inédites qui pèsent aujourd’hui sur l’ensemble de la biosphère, humanité comprise. Ils et elles doivent assumer ouvertement leur part de responsabilité dans la destruction des écosystèmes, le changement climatique, l’épuisement des ressources naturelles, et reconnaître l’incompatibilité profonde entre le mode de développement économique actuel basé sur la croissance et la recherche du profit, et les limites de notre planète.
2. La réduction immédiate des émissions de gaz à effet de serre pour atteindre la neutralité carbone en 2025, grâce à une diminution de la consommation et une descente énergétique planifiée.
Les « bonnes intentions », les « accords non-contraignants » et les « feuilles de route » ne changeront rien à la situation. Il faut obliger le gouvernement à atteindre zéro émissions nettes de gaz à effet de serre d’ici 2025.
3- L’arrêt immédiat de la destruction des écosystèmes océaniques et terrestres, à l’origine d’une extinction massive du monde vivant.
L’extermination en cours de la vie sur Terre est d’une ampleur comparable aux grandes extinctions géologiques. La destruction des écosystèmes et des espèces animales et végétales par la surexploitation et la pollution sont une conséquence directe du développement de nos sociétés modernes. Les mesures compensatoires n’enrayent aucunement l’extermination massive en cours. La biodiversité doit être reconnue et respectée pour sa valeur intrinsèque et pas uniquement pour les “services” qu’elle rend. Il faut se battre pour que les sociétés reconnaissent avec humilité leur place au sein de la biosphère et engagent une démarche de restauration écologique à la mesure des dégâts causés.
4- La création d’une assemblée citoyenne chargée de décider des mesures à mettre en place pour atteindre ces objectifs et garante d’une transition juste et équitable.
Soutenu par nombre de personnes connues, de l’actrice anglaise Emma Thompson à Anne Hidalgo, de la mairie de Genève à des Prix Nobel, honni par certains politiques, Extinction Rebellion fascine et divise. Le mouvement a en tous cas réussi en quatre ans, et malgré la pandémie, à se rendre éminemment visible et médiatique par ses actions coups de poing, au point d’être scruté même par les autres mouvements écologistes. Eco fasciste pour certains, bon enfant pour d’autres, utopie irréaliste et ne proposant pas de solution concrète pour d’autres encore… A vous de juger.