La cosmétique vegan semble le must absolu en termes de respect de la planète et des animaux. En effet, avec une formule vegan c’est l’assurance qu’aucune substance animale n’entre dans la composition du produit, et ainsi qu’aucun être, de l’insecte à l’animal marin, n’a été exploité. Mais la beauté vegan est-elle forcément clean et vertueuse pour autant ? Le point.
Cosmétique vegan, définition
Être vegan c’est choisir de n’utiliser ou consommer aucun produit animal ou issu de l’exploitation animale, dans tous les domaines de sa vie. Pas de poisson, ni viande, ni produits laitiers dans l’assiette, pas de cuir, de laine et encore moins de fourrure pour les vêtements et aucun ingrédient d’origine animale dans les cosmétiques. En effet, il arrive que des produits ou sous-produits animaliers entrent dans la composition des crèmes ou du maquillage. Certains ingrédients ont fort heureusement déjà été interdits ou abandonnés car trop chers comme le musc animal utilisé dans les parfums et responsable de la quasi-disparition des chevrotins dont il était extrait, la graisse de baleines ou encore l’acide hyaluronique qui provenaient auparavant des crêtes de coq et qui aujourd’hui ne sont plus d’origine animale. Par ailleurs, les ingrédients d’origine animale encore utilisés ne peuvent être issus que d’animaux d’élevages pour la fabrication des cosmétiques en Europe et peuvent entrer dans la composition d’un produit bio. Il peut s’agir de miel et de cire d’abeille (dans les baumes à lèvres par exemple), de lanoline, un ingrédient émollient utilisé dans les soins hydratants obtenu à partir de laine de mouton, ou encore de « carmin » un pigment rouge utilisé pour colorer les rouges à lèvres issu de cochenilles, des insectes que l’on écrase. Les poils des pinceaux de maquillage peuvent eux aussi avoir une origine animale !
Cosmétiques vegan, bio, cruelty-free, slow : quelles différences ?
Il existe beaucoup d’appellations pour classer les différentes familles de cosmétiques.
Si les labels bio indiquent des formules à base d’ingrédients issus de l’agriculture biologique qui respectent la charte bio, ils autorisent des matières animales comme le miel, mais aussi le carmin, issu des cochenilles et la lanoline.
La Slow Cosmétique regroupe des produits reconnus par le label indépendant du même nom qui soutient la planète, la fabrication locale et les formules naturelles.
De son côté « cruelty free » est un label donné aux produits qui ne contiennent aucun ingrédient testé sur les animaux mais qui ne sont pas forcément vegan, car il accepte les ingrédients produits par les animaux (lait, miel). Il se décline du coup en une version « cruelty free vegan ».
Les appellations des cosmétiques véganes sont elles aussi variées et nombreuses : Expertise Vegan Europe avec le sigle Eve Vegan, le sigle Vegan de Vegan Society pour les produits certifiés par la Vegan Association, Vegan de l’Awareness Fondation, un logo vegan délivré par la Vegan Awareness ou encore le label VeganOK. Globalement ils garantissent que les produits ne contiennent pas d’ingrédients d’origine animale. Mais le label One Voice accepte pourtant le miel, le pollen et la cire d’abeille biologiques que l’on peut donc retrouver dans les formules qu’il certifie.
Il n’est pas obligatoire de certifier les cosmétiques végans pour le revendiquer : les marques peuvent inventer leur propre logo et communiquer dessus, sans contrôle, ce qui peut donner lieu à des abus. En France il n’existe qu’un seul organisme de certification végane, c’est Expertise Végane Europe. Enfin, contrairement aux labels naturels et/ou bio dédiés à l’écologie qui garantissent que les produits ne contiennent aucun ingrédient synthétique polluant, les produits végans peuvent ne pas être naturels, ne pas être produits de manière vertueuse, ou encore être très artificiels, tant qu’il n’y a pas de matière animale. Le critère « vegan » ne suffit donc pas pour être sûr d’acheter des cosmétiques écologiques et sains.
Pas toujours clean les cosmétiques vegan
Acheter des cosmétiques vegan répondrait donc surtout aux préoccupations des consommateurs -végans ou non- pour la protection animale. Problème : si le sigle « vegan » ne garantit pas que la formule soit clean, ni qu’elle soit dépourvue d’ingrédients controversés, elle ne garantit pas non plus la protection animale pour les ingrédients qu’elle utilise. Par exemple, l’huile de coco est végétale et donc tout à fait compatible avec une formule végane, et pourtant, elle exploite souvent de petits singes. De même pour l’huile de palme qui implique déforestation et mort des orangs outans… pourtant celle-ci permet de remplacer le squalène qui est, lui, issu des foies des requins… Par ailleurs, certains ingrédients d’origine animale n’impliquant pas la mort des animaux, peuvent sembler tolérables, comme la lanoline (une graisse à base de laine de mouton), les laits de chèvre, d’ânesse, de brebis ou de vaches, ou encore les produits de la ruche. Pourtant, en se penchant sur leur production, on constate que beaucoup d’abeilles meurent lors du processus industriel de récolte de la cire ou du miel. Enfin, quand une marque souhaite rendre ses produits vegan, elle n’a souvent pas d’autre choix que de se tourner vers les substituts pétrochimiques pour rester compétitive, notamment.
Attention au « castor oil » que l’on trouve souvent dans les listes d’ingrédients, c’est un faux ami : il s’agit bien d’une huile végétale, l’huile de ricin, et non de l’huile de castor ! Ouf !
Cosmétiques Vegan ou Clean, comment choisir ?
Compte tenu de l’urgence écologique, consommer des produits vegan a un sens : l’élevage industriel trouve dans la cosmétique un débouché facile pour ses sous-produits animaliers. L’élevage intensif et la surpêche sont extrêmement néfastes à la planète, dévastent des espaces naturels tout en étant un enfer pour les animaux. Malheureusement, il est bien plus facile pour un cosmétique d’être vegan que clean, bio ou naturel, et certaines formules mettent en avant leur caractère vegan pour masquer des formules très synthétiques : on peut être clean sans être vegan et vegan sans être clean.
Pour s’assurer de choisir un produit vertueux, il faut donc se tourner vers ceux qui répondent à un engagement à la fois éthique, écologique et durable. L’idéal sont des produits clean ou certifiés bio ET végans afin de s’assurer de la provenance des ingrédients et de leur naturalité, mais aussi le caractère durable des emballages : packagings réduits, matière recyclable et recyclée, étuis en cartons, encres végétales etc. tout en évitant tout ingrédient issu de l’exploitation animale. Les cires végétales, type cire de carnauba, remplacent alors la cire d’abeille, le squalène de requin peut être remplacé par du « squalène » végétal issu d’huile d’olive, de blé ou de riz, la lanoline sera évincée au profit d’huiles végétales bien plus efficaces d’ailleurs pour soigner les problèmes de peau. Des actifs végétaux peuvent aussi agir sur la production de collagène au lieu de mettre du collagène animal dans la formule, tout comme utiliser la kératine dans sa version végétale. Seul le pigment carmin ne trouve pas d’équivalent à son intensité colorielle dans le monde minéral ou végétal, mais de très beaux rouges à lèvres végans réussissent très bien à s’en passer aujourd’hui et à offrir des couleurs vibrantes : plus d’excuse !
Les cosmétiques végans peuvent émaner de marques réellement engagées et vertueuses dont les produits sont écologiques, tout comme se révéler issues de la pétrochimie et être peu regardantes quant à la qualité tant qu’il n’y a rien d’animal dedans. Mais en se tournant vers des marques estampillées clean ou bio, avec un réel engagement écologique on peut trouver des produits véritablement vertueux pour se faire belle et se sentir bien, en respectant et protégeant la planète, ses animaux et ses écosystèmes. Alors le rejet des ingrédients d’origine animale dans les cosmétiques prend tout son sens. Go vegan and clean !