Quelle est notre part de responsabilité en termes d’émissions de gaz à effet de serre, autrement dit, notre participation au réchauffement climatique ? C’est pour les mesurer qu’existe l’empreinte carbone, une mesure de l’impact de nos activités sur l’environnement en termes d’émission de CO2, un calcul qui n’est pas réservé qu’aux entreprises !
L’empreinte carbone, c’est quoi ?
L’empreinte carbone est un indicateur qui mesure les émissions de gaz à effet de serre.
En général, il est exprimé en équivalent dioxyde de carbone (CO2e) d’une activité humaine. C’est la mesure du volume émis par la combustion d’énergies fossiles. On peut donc évaluer l’empreinte carbone d’une entreprise, mais aussi d’un territoire ou encore de particuliers, d’un groupe, d’une famille, etc.
Si le nom « empreinte carbone » a été choisi, c’est parce que le dioxyde de carbone est le principal gaz à effet de serre responsable du réchauffement climatique. On utilise, pour l’ensemble des Gaz à Effet de Serre (GES) mesurés, cette mesure globale rapportée au CO2 qui indique un résultat facile à interpréter. L’empreinte carbone d’un pays peut aussi se mesurer par rapport aux GES des ménages (énergie utilisée pour le transport et le chauffage), à la production nationale de biens et de services non exportés, ou encore aux produits et services importés.
Calcul de l’empreinte carbone
L’empreinte carbone se calcule en évaluant les émissions directes de GES dues à l’utilisation de l’énergie consommée par l’entreprise/le groupe/l’individu en question, en incluant l’analyse des cycles de vie. Le cycle de vie d’un produit s’évalue en tenant compte, non pas uniquement de son impact lors de son utilisation (émissions directes), mais aussi celui de sa genèse, jusqu’à sa disparition. On inclue alors au calcul les émissions de GES « indirectes » qui proviennent de l’approvisionnement en matières premières, de la transformation, du transport, de la distribution sans oublier de la destruction, recyclage ou transformation après usage. Forcément, le bilan est alors bien plus lourd, mais aussi plus juste.
Empreinte carbone et bilan carbone
Le terme « empreinte carbone » est un terme généraliste qui indique la mesure destinée aux particuliers ou tout autre groupe. Chaque pays mesure ainsi ses émissions de gaz à effet de serre afin d’évaluer son empreinte carbone et réduire ses émissions (ou les compenser).
Pour les entreprises, on parle plutôt de « bilan carbone », un outil spécifique développé par l’ADEME (Agence de la transition écologique). Ce bilan carbone permet de calculer l’empreinte de l’entreprise, en mesurant ses émissions directes et indirectes.
En France, depuis la signature du Protocole de Kyoto de 1997, les entreprises de plus de 500 salariés doivent obligatoirement réaliser un bilan carbone. De plus, tous les organismes doivent en faire la déclaration, et rendre public leur impact et leur stratégie d’investissement. Cette stratégie d’investissement doit tenir compte du plan national bas carbone décidé par le gouvernement.
Alors, à quoi sert l’empreinte carbone ?
Qu’il s’agisse d’une entreprise, d’un pays ou d’un individu, évaluer son empreinte carbone est le premier pas nécessaire pour lutter contre le réchauffement climatique. L’objectif est d’identifier les postes qui émettent le plus de gaz à effet de serre afin de développer des stratégies et de prendre des mesures pour changer certains process ou habitudes, en vue de diminuer ces émissions. Cette démarche permet d’évaluer l’urgence à changer, de chercher de nouvelles solutions qui auront moins d’impact sur l’environnement. Ce calcul
Qu’est-ce que la compensation carbone ?
Pour une entreprise, la compensation carbone (ou contribution carbone) consiste à s’engager sur le terrain dans un projet qui aura un impact positif sur les émissions de gaz à effet de serre : soit en les réduisant, soit en les « séquestrant ».
En effet, les gaz à effet de serre impactent le climat de la même manière, quelle que soit leur zone géographique d’émission. Chaque entreprise éligible (industries spécifiques), possède un certain nombre de « crédits carbone » personnalisés, et déterminés selon ses émissions potentielles de CO2. Si l’entreprise réussit à réduire ses émissions, elle peut revendre ces crédits sur le « marché du carbone » où 1 tonne d’équivalent CO2 réduite ou séquestrée (c’est-à-dire du CO2 qui est emmagasiné au lieu d’être libéré dans l’atmosphère) non émis équivaut à 1 crédit carbone.
Ainsi, une entreprise française peut investir dans un projet de plantation d’arbres par exemple, même à l’autre bout du monde, et cela pourra être comptabilisé en sa faveur : son impact positif pourra être converti en crédits carbone.
Grâce à ses crédits, l’entreprise peut alors s’acquitter de certaines obligations écologiques. Ces obligations écologiques sont valorisées dans le cadre d’une politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais ne peuvent pas suffire à elles seules, ni se substituer à la démarche globale de réduction des émissions.
Il s’est ainsi créé ce qu’on appelle la « finance carbone » qui met en place, contrôle et comptabilise toutes ces démarches. Ce sont autant de développeurs de projets, d’organisations spécialisées et de labels qui doivent intervenir.
Si cette notion de compensation carbone peut paraitre un peu hypocrite, elle ne suffit pas à justifier une stratégie écologique. Mais la création de crédits carbone permet de générer d’autres avantages écologiques et sociaux, là où les projets sont mis en œuvre.
Calculer son empreinte carbone personnelle
Si tenter l’exercice vous intéresse, sachez qu’un grand nombre de calculateurs gratuits sont disponibles en ligne. Ils prennent principalement en compte les postes d’émissions de GES :
- les déplacements quotidiens tous transports confondus, ainsi que les déplacements plus rares comme les voyages en avion
- les caractéristiques du foyer, ses habitants, sa taille, le traitement de l’eau et des déchets
- l’énergie utilisée (gaz, fioul, électricité…) impliquant de renseigner le type de chauffage, mais aussi l’isolation ou encore les appareils ménagers, les machines, les appareils électroniques etc.
- la consommation incluant l’alimentation, les vêtements, les médicaments consommés, les produits de beauté, le mobilier, etc.
A titre d’indication, le Ministère de la Transition Écologique évaluait l’empreinte carbone d’1 français à 11,2 tonnes d’équivalent CO2 émis dans l’atmosphère par an (dont 8 tonnes de CO2) dont 85% au moins proviennent de la consommation ! C’est-à-dire à ce qu’un individu paie directement.
Le reste est indirect, provenant du fonctionnement des services publics que le citoyen français utilise. Ce que l’on sait peu, c’est que le logement pèse peu dans la balance car, en France, près de 90% de la production d’électricité est dite « décarbonée » c’est-à-dire que l’électricité ne provient pas des énergies fossiles mais des énergies renouvelables (hydro-électrique, solaire, éoliennes), ou du nucléaire, qui produisent très peu de CO2.
Empreinte carbone VS empreinte écologique
La notion d’empreinte carbone est parfois confondue avec celle de l’empreinte écologique.
La composante carbone de l’empreinte écologique va au-delà de cette définition. Elle indique la quantité, en surface de forêt, qui sera nécessaire pour séquestrer les émissions de dioxyde de carbone. Cet indicateur représente l’impact que les combustions de ressources fossiles exercent sur la planète.
Cette empreinte carbone, qui représente la moitié de l’empreinte écologique de l’ensemble de l’humanité, doit être réduite afin de lutter contre cette surconsommation.
L’empreinte écologique, dont le CO2 n’est qu’une composante, couvre un spectre plus large. Elle s’exprime en surface de terre productive requise pour produire les biens et services que nous consommons et absorber les déchets qui en découlent. Son évaluation la plus parlante – et couramment utilisée dans les médias – s’exprime en nombre de planètes nécessaires pour absorber nos modes de consommation. Ce qui permet de comparer les modes de vie des citoyens (d’un pays à l’autre par exemple) et de comprendre plus facilement le mode de vie à adopter pour respecter le renouvellement des ressources naturelles de notre terre.
Empreinte cachée et empreinte carbone
Au-delà de l’empreinte carbone, on peut aussi se pencher sur l’analyse de cycle de vie, c’est-à-dire remonter encore plus loin dans la chaine de responsabilité des émissions de gaz à effet de serre et prendre en compte le reste des impacts de notre consommation sur la
Planète. C’est-à-dire les ressources nécessaires pour produire ce que l’on consomme, au sens large.
Il n’y a pas de critères vraiment définis car ce que l’on cherche à évaluer avec l’empreinte écologique, c’est la pression qu’exerce l’homme sur l’environnement.
Malheureusement, cette évaluation-là sera toujours en dessous de la réalité car si elle prend en compte l’impact de l’utilisation du produit, elle n’évalue pas toute la partie invisible de l’iceberg : les ressources cachées qui ont été utilisées lors de la conception, comme par exemple l’eau nécessaire, ou encore l’impact du produit sur la biodiversité ou la pollution de l’air par exemple, ou l’impact des déchets produits en aval de l’utilisation.
Pourtant, ces ressources cachées représenteraient plus de 75% de l’impact environnemental
d’un produit sur son cycle de vie complet !
L’empreinte carbone de la France
Un outil existe pour mesurer l’impact de la France, c’est l’Inventaire National. Mais ce dernier prend uniquement en compte l’impact sur le lieu de production, c’est-à-dire pour ce qui est made in France. En l’utilisant, il est facile en tant que pays, de se déresponsabiliser en faisant produire (et donc) polluer ailleurs. A l’inverse, l’empreinte carbone qui prend en compte le lieu de consommation final, et non de production, offre une analyse bien plus juste.
Appliquée à un pays, l’empreinte carbone empêche ainsi de se défausser sur ses voisins en se félicitant d’une baisse d’émissions… alors que l’on importe ! En intégrant les émissions de GES résultant du cycle de vie complet, incluant production et transport, l’empreinte carbone est un indicateur bien plus réaliste, qui empêche le biais classique de la délocalisation de la production et l’importation, en bonne conscience.
Voilà pourquoi l’empreinte carbone est aujourd’hui reconnue, notamment depuis les Accords de Paris. Cette empreinte carbone permet aussi d’évaluer la pression écologique exercée par un pays importateur sur un autre et donner une vision plus équitable entre pays développés et pays en voie de développement.
Vous l’avez compris, l’empreinte carbone est un levier indispensable pour aider les nations à faire leur transition et devenir ainsi plus vertueuses, ou moins